Un chemin de Conques à Rocamadour

C’est grâce à l’action de Via Ligure aujourd’hui ( vialigure@gmail.com ), de Jean Louis Jauliac de Latronquière et de Marcel Girault hier, que ce chemin de crêtes de Conques à Rocamadour, connu depuis le Haut Moyen Âge, est praticable maintenant.

Chemin de pèlerinage, il traverse trois départements : l’Aveyron, le Cantal et le Lot.  Depuis Conques, il passe par Grand Vabre, La Vinzelle, Monals, Saint Constant, Maurs, Quézac, La Tronquière, Gorse, Leyme, Inssendolus, Gramat avant d’arriver à Rocamadour.

Ce chemin de 120 km au dénivelé raisonnable est proposé en six étapes, il est émaillé de sanctuaires, à travers des paysages préservés, ombragés et bien peu «bitumés».

Histoire du chemin

En voici la brève histoire… « Ce chemin historique de Conques à Rocamadour était une variante du Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, variante consécutive à la lointaine divergence des moines de Conques avec ceux de l’abbaye de Figeac à la fin du XIIème siècle.

La vita Sancti Aegedii (hagiographie de Saint Gilles du Xème s.) rapporte que Saint Césaire (Évêque d’Arles) fut le maître spirituel de l’Abbaye de Saint Gilles (hospitaliers de Saint Jean). On peut donc imaginer que les pèlerins qui venaient de l’abbaye provençale, aient tenu à passer par Maurs pour y vénérer les reliques de l’évêque d’Arles (lire après « l’abbatiale et Saint Césaire à Maurs »).

En 1172, l’évêque de Rodez qualifiait ce parcours de « chemin de ceux qui vont de Conques à Rocamadour » dans le « Livre des Miracles de Notre Dame de Roc Amadour », le pèlerinage le plus fréquenté d’Europe dès 1218 sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle.

A Latronquière, Haut Lieu de rassemblement des Hospitaliers de Saint Jean ( 1298 ) dépendant de l’abbaye de Saint Gilles, le chemin de Ligure ( Saint Gilles ) rejoint la voie de Charlemagne et emprunte crêtes , ligne de partage des eaux du Lot et de la Dordogne

En 1998, Marcel Girault, docteur en Histoire et Archéologie de l’Université de Tours et Historien des routes médiévales, chemine de Rocamadour jusqu’à Conques à la recherche d’un tracé et fait étape à Leyme, Latronquière et Maurs. Peu après Jean Louis Jauliac de Latronquière, passionné d’histoire locale lui emboite le pas » …

Et nous voilà donc aujourd’hui dans les mains de l’association Via Ligure pour d’autres histoires, … d’engagement des Intercommunalités, … d’homologation du chemin,  … d’acceptations des populations du balisage, … un avenir qui appartiendra néanmoins et avant tout, à ceux qui chemineront sur ce chemin.

Conques

Une image au moins pour ceux qui ne connaissent pas encore le site, son abbatiale romane au célèbre tympan du Jugement Dernier et son trésor d’orfèvrerie avec la statue reliquaire de Sainte Foy.

Abbatiale romane de Conques

Maurs

Une petite cité de 2 500 habitants, 260 m d’altitude, à la croisée du Cantal, du Lot et de l’Aveyron, d’aspect méridional, où l’on se plait à lui donner le nom de « Nice du Cantal » avec autant de jours d’ensoleillement que Toulouse.

Les premières traces écrites datent du 10ème siècle, pour être à cette époque une petite bourgade autour d’une abbaye bénédictine dont il ne reste aujourd’hui que son église deux fois reconstruite.

Ville de Maurs

L'église de Maurs, une ancienne abbatiale

Ces quelques mots d’après un livret de l’abbé J.M. Bedoussac reprenant lui même un texte de Roger Jalenques. (… que l’église soit ouverte quand vous arriverez, elle ferme vers 18h00).

La clôture du Chœur du 16ème avec Hercule et sa massue symbolisant la force, Apollon symbolisant la lumière, Saint Paul tenant le Livre et une épée, Saint Pierre tenant le Livre et deux clefs, Saint Jean Apôtre tenant un calice avec un petit dragon qui s’en échappe.

Quinze stalles (pour 15 moines et pas plus compte tenu des moindres ressources locales à l’époque) avec ses miséricordes décorées et 11 statues de la fin du 16ème au dessus des stalles représentant le plus bel ensemble du département (du diocèse) avec de part et d’autre du Christ cruxifié : Saint Jean portant son regard sur le Christ, Sainte Scholastisque (sœur de Saint Benoît), Saint Benoît tenant la crosse et la règle de l’Ordre, Le Christ de la résurrection, Sainte Flore reconnaissable à la fleur sur sa poitrine, Saint jean Baptiste, Saint Sulpice, Saint Césaire donnant la bénédiction et une vierge portant l’enfant Jésus nu.

Saint Césaire

Saint Césaire

Dans l’église, la chapelle Saint Césaire expose un buste orfévré de la fin du 12ème, un joyau des œuvres religieuses de l’art roman, en noyer recouvert de feuilles de métaux précieux avec pierres enchassées. Il est ainsi représenté des ornements épiscopaux avec l’aube (lamelles d’argent), la chasuble, l’amict et l’étole (plaques de cuivre). La taille des mains est le symbole de la puissance de la Parole enseignée. (Souhaitez qu’il soit bien là quand vous passerez, … il se déplace encore… au musée du Louvre, quelques fois)

L’origine du culte de Saint Césaire est incertaine, néanmoins il est à Maurs depuis au moins 700 ans.

S’agit-il des premiers moines venus d’Aurillac dont certains venaient de l’abbaye de Vabre en Rouergue dépendant alors de celle de Saint Victor près de Marseille (Saint Victor est peu éloigné de Lérins où Césaire a appartenu) … qui l’auraient apporté … rien n’est moins sur !

Aura-t’il été dérobé, aura-t’on voulu le protéger en le « cachant » dans une région reculée, n’aurait-il pas été réalisé dans la région ? … Toujours est-il qu’il n’existe aucun autre lieu de culte où l’on vénère Saint Césaire, ce qui le rend encore plus célèbre !

Césaire est né à Chalons sur Saône en 469, il est religieux à Lérins puis devient évêque d’Arles. Il est dit Apôtre de la bonté.

L'abbatiale et Sainte Flore

 

L’abbatiale et Sainte Flore, née à Maurs en 1309, elle se distingue par sa piété, par sa sollicitude envers les malades, les malheureux, les affligés. Sa vénération se poursuit sur sa tombe, elle est canonisée par le peuple avant de l’être par l’Église

L’abbatiale encore : avec une vierge en majesté tenant un fruit et l’enfant tenant un oiseau dans la chapelle absidiale. Un lutrin Louis XV à quadruple pupitres aux pieds sculptés d’animaux. On vérifiera si l’antiphonaire du 19ème est toujours là ? Saint Roch, un anti pesteux. Maurs ayant également subit les ravages de cette maladie, la ville a fait vœux perpétuels à ce saint. Celui-ci fut volé ces dernières années. Dans une niche, sur un chapiteau, un christ de l’Ascension. Un bénitier du 17ème .

Saint Paul le Simple

 

Mais également un magnifique tableau, en fond d’église, une œuvre à restaurer, … s’agissant de Saint Paul le Simple ermite qui se retire au désert et qui deviendra disciple de saint Antoine le Grand abbé. (Paul le simple, agriculteur égyptien au 4ème siècle, surprend sa femme en flagrant délit d’adultère … il décide alors de devenir ermite, … devant savoir que depuis le milieu du 3ème siècle des chrétiens quittaient les lieux habités pour se consacrer à Dieu dans la solitude du désert, … il rencontra Saint Antoine le Grand. Ce dernier, le jugeant trop âgé pour ses 60 ans, ne lui conseilla pas cette nouvelle vie. Paul resta néanmoins 3 jours et 3 nuits devant sa porte sans manger. Devant cette détermination, Antoine le reçu, l’éprouva et le prit comme disciple et devint un exemple).

 

Et une excellente acoustique de ce volume à nef unique qui en fait aujourd’hui également un lieu de récitals et de concerts souvent organisés avec Via Ligure.

Nef Abbatiale de Maurs



Maurs, c'est également (ou ce fut) la capitale du tripoux, ... elle pourrait bien la redevenir !

Si vous décidiez d’en apprécier un ou deux, un soir de randonnée, dans notre gîte Ligurelit, mettez vous bien d’accord avec vos voisins de chambrée !

La région c’est aussi le haut lieu du stockfisch ! Pourquoi ? Vous reviendrez et vous goûterez …


Aux alentours ...

Près de Monals, quelques vestiges d’une commanderie appartenant à l’ordre Saint Jean de Jérusalem (Les Hospitaliers devenus beaucoup plus tard les chevaliers de Malte) accueillent les pèlerins se rendant à Compostelle en venant de Montsalvy et se dirigeant vers Figeac. Il s’agit de l’Hôpital de la Bessières dénommé également Hôpital Saint Jean de La Vinzelle. De cette commanderie installée à la Bessière vers 1330 jusqu’à la Révolution il ne subsiste que quelques pans de murs de l’ancienne chapelle, et un reliquaire en bois doré consacré à Saint Didier ainsi qu’une cloche de l’ancienne chapelle destinée à rameuter les pèlerins égarés, vestiges conservés dans l’église de Saint Julien de Piganiol (commune de Saint Santin) … que vous visiterez quand vous reviendrez dans la région !

Quand vous reviendrez, et oui quand vous reviendrez, aux alentours proches, il y a à connaître les Enfarinés de Casaniouze, il y a à voir le Chemin de Croix de Gustave Moreau en l’église Notre Dame de Decazeville, la Chapelle du Pont et ses restes de fresques médiévales, le Château de Gironde et son histoire avec le Lot, le village de Marcoles, l’aile Renaissance du château d’Assier de Galiot de Genouillac, … et si ce n’est pas tout, c’est tout de même fini pour aujourd’hui ..